mardi 2 juin 2009

La régence d'un « Système ».

Il semblerait bien qu'en Mauritanie nous assisterions depuis 10 mois à un phénomène de régression démocratique également observable dans la plupart des pays africains qui avaient par impératif, mimétisme ou banalement snobisme politique adopté le système démocratique occidental sans trop se poser de questions voire sans demander leur reste tout acculés qu'ils seraient pour certains.Même certains pays des plus insoupçonnables comme notre premier de la classe démocratique de voisin et de médiateur providentiel le Sénégal n'échapperait pas à ce stéréotype, en témoigneraient les dérives autoritaristes voire patrimonialistes du géronte Wade.Patrimonialiste en raison du caractère parfois familial de sa gestion de la chose publique :Cf son fils de ministre d'Etat et présumé successeur Karim Wade dit-on, un peu à l'Egyptienne, à la Togolaise, à la Congolaise, à la Gabonaise voire même à la façon du « pays du matin calme » la Corée du Nord etc...

Le repli démocratique qui aura touché de plein fouet notre pays, à l'instar de nombre d'autres pays africains et autres, serait presque certainement à mettre sur le compte de la tenacité des survivances et des fantômes du passé revenus en force pour re-initialiser et recomposer un «SYSTEME» demeuré intact faute d'avoir été jamais proprement démantelé .Et notre brève expérience démocratique de 15 mois aura aussi lourdement péché en prétendant faire du neuf avec du vieux, car ce faisant elle aura presque réussi le tour de force de garder le « status quo ante » en dépit du bonus de la légitimité démocratique dont elle pouvait se prévaloir à juste titre.Convertir le bonus en malus comme aurait pu soutenir un agent d'assurances sur les dents, ce ne serait presque que de cela qu'il se serait agi tout prosaïquement et il fallait le réussir aussi, hélas.Et «l'hydre acéphale tentaculaire» n'aura bien évidemment point raté l'occasion pour amorcer son retour en force en se faufilant à travers les interstices béants de notre encore balbutiante et précaire démocratie.

Comme il m'est arrivé souvent de le soutenir dans d'autres essais et d'autres espaces, le «Système» posséderait bien sa propre dynamique nonobstant les sociétaires et managers conjoncturels alternant pour assurer son animation et son entretien.L'on pourrait même avancer que pas plus Taya, Sidioca ou de nos jours le putschiste Aziz n'en auraient été les chefs incontéstés et véritables.Par conséquent, je me risquerais bien gaillardement à mettre au défi quiconque pouvant nous établir sans ambages qui aurait gouverné la Mauritanie de 1984 à août 2005(Taya), d'août 2005 à avril 2007(CMJD), d'avril 2007 au 6-août 2008 (Sidioca) et enfin du 6-août 2008 à nos jours (HCE)?Bien malin qui pourrait y répondre!

Le «Système» serait assimilable à un dispositif auto-moteur et auto-entretenu faisant peu de cas de la hiérachie ostensible et doté d'un organigramme obscur et accessible qu'aux seuls initiés et encore.Il aurait de surcroît d'impressionnantes facultés d'adaptation, de regénération et une réactivité au quart de tour ce qui expliquerait bien aisément les endémiques cascades de putschs survenus dans notre pays car ils auront été tout banalement autant de «réponses», de redéploiements voire de recompositions et de réadaptations du «Système» aux changements survenus sur l'échiquier politique national.Et ce sera pourtant ce «Système» ci qui aura régenté et « managé » l'activité publique et privée du pays depuis près de 50 ans, autant dire depuis l'indépendance, l'ère Daddah y compris.

Le plus étonnant serait que ce «Système» ne serait point marqué idéologiquement, le seul dogme cimentant et soudant ses sectateurs ne serait pas moins que le culte dérisoire de la gabegie, un peu comme de mise dans les Mafias américaine, sicilienne, chinoise et son ésotérisme opaque ne serait pas sans rappeler aussi celui des loges maçonniques.Certains y adhèrent comme d'autres entreraient en religion tout simplement, on y est pour la vie.L'idéologie de la prévarication voici sommairement ramassé l'unique «programme» du «Système» qui viendrait de se réincarner une énième fois en opérant une énième et violente mue à l'aide invariablement d'un putsch comme celui du 6-août 2008 dernier.

Et j'irais même plus loin jusqu'à avancer et soutenir que «l'Accord de Dakar» relatif aux élections présidentielles tout fraîchement conclu entre le camp des putschistes et celui des anti-putschistes ne serait en fait qu'une ultime et interminable mutation du «Système» en prélude à une recomposition et une reconfiguration nouvelles avant d'entamer un nouveau karma politique qui risquerait bien de reproduire les mêmes manies et mauvais procédés d'usage dans l'une de ses multiples « vies antérieures ».Il ne serait à craindre que si l'on n'y prend garde que le « Système » n'imprimât son diktat à la nation pendant de longues et désastreuses décennies encore.On n'est donc pas près de voir le bout du tunnel de la « régence du Système » même après les élections présidentielles du 18 juillet et cela quelque soit le vainqueur qui sortira des "urnes du Système".Et pourtant je passerais plutôt pour être du genre optimiste !

NB:Karma = Réincarnation à la suite de vies antérieures selon le boudhisme.

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